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Critiques de livres


Michel Rozenberg
Les Maléfices du Temps
Oulon
Éd. Nuit d'Avril
175 p.

Dans les arcanes de temps
par Michel Paquot
Le Carnet et les Instants n° 140

En 2003, Michel Rozenberg, passionné de littérature fantastique, lecteur assidu de Thomas Owen, Jean Ray, Bradbury ou Edgar Poe, nous avait épaté avec son premier recueil de nouvelles, Altérations, paru aux Éditions du Colibris. Il change d'éditeur, mais non de style ni de source d'inspiration, avec les cinq textes réunis dans Les Maléfices du Temps publié chez Nuit d'Avril.

Ce qui fascine dans ces récits, c'est la puissance imaginative de son auteur et les subtils chemins qu'il emprunte pour nous emporter dans ses mondes étranges, à partir de situations s'inscrivant dans le quotidien le plus banal. Ces cinq textes captivants et impeccablement construits tournent tous autour de la notion temporelle et sont susceptibles d'intéresser les lecteurs friands de sensations fortes, même s'ils ne goûtent pas spécialement la littérature fantastique.

Dans la première histoire, qui donne son titre à l'ouvrage, une jeune femme se voit remettre par un étrange personnage un tract publicitaire pour une brocante où elle décide de se rendre immédiatement. Son propriétaire, après avoir tenté de lui vendre à prix fort un carnet qu'elle avait eu l'impudence d'ouvrir, lui remet une boîte bien fermée. Elle se rend bientôt compte qu'elle a eu tort d'accepter ce cadeau aux pouvoirs maléfiques, qui provoque le vieillissement rapide de celui qui l'ouvre.

Le deuxième récit, «Le temps d'aimer», le plus irrationnel de tous, met en scène une jeune veuve qui, revenue dans la maison de vacances où elle a vécu avec son mari, ne cesse de se réveiller de ce qu'elle croit toujours être un cauchemar. Où l'on s'aperçoit que le réel est chose bien relative.

Le héros de «À rebrousse temps», venu en villégiature à la campagne avec des collègues qui se sont empressés de rentrer chez eux suite à la découverte du cadavre d'une fillette, perd un à un tous ses repères spatio-temporels au point de ne plus rien reconnaître, ni son gîte, ni même le village.

Au début des «Spectres du temps», un inspecteur trouve des cassettes enregistrées auprès du corps d'un vieillard sans vie. Il s'agit du journal de la victime, inquiète de recevoir des lettres menaçantes retraçant sa propre vie. Qui lui écrit? Et pourquoi? La solution est diabolique.

Dans «Le temps fissuré», enfin, un romancier est rattrapé par le livre qu'il écrit, celui d'un individu devenu tueur à gages.

Autant de voyages en terres étranges d'où l'on revient la tête pleine d'interrogations et les sens quelque peu déboussolés.