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Critiques de livres

Béatrice LIBERT
Lettres à l’intemporel
Limoges
Le Bruit des autres
2010
128 p.
13 €

Musique de chambre
id.
70 p.
10 €

Au pays de Maurice Carême. Regarder, lire, écrire, créer
Bruxelles
Couleur livres
2010
124 p.
14 €

Voilà, voilà, ce que je veux vous dire
par Jeannine Pâque
Le carnet et les Instants N°164

Béatrice Libert aime écrire. Des poèmes, des récits, des nouvelles, des essais. Mais aussi des lettres. Comme autrefois pour beaucoup d’entre nous peut-être, avant l’usage immodéré du courriel. Elle en écrit beaucoup et des plus sérieuses aux plus fantaisistes. Que les destinataires soient réels ou inventés, concrets ou symboliques, elle a quelque chose à dire à chacun. Ces messages, elle les a rassemblés dans un recueil et pour éviter de les dater ou pour prolonger le plaisir de la lecture, elle a intitulé celui-ci Lettres à l’intemporel. Ce qui lui permet de s’adresser tant à Daudet qu’à son propre jardin, à Icare ou à une araignée, à sa modeste Meuse comme à l’océan. Elle s’adresse même à Dieu pour lui dire en toute liberté sa manière de penser, de douter. Comme elle n’aime pas trop l’empois des mythes, elle les apprivoise et se sent parfaitement à l’aise pour rédiger les mots doux que s’envoient Ève et Adam. Le lecteur n’est pas oublié dans cette correspondance : il est cité et a droit à un avant-propos ou il est toujours là, dans l’ombre des destinataires invoqués, comme un complice inévitable.
Dans un second volume, Musique de chambre, sorti en même temps chez le même éditeur, Béatrice Libert s’adresse encore à quelqu’un, mais cette fois sur un ton plus intime. Très intime même. Soit qu’elle évoque, pour lui, pour elle, pour nous, nombre de scènes privées, brûlantes, extatiques ; des caresses, des orgasmes, des envols, sous le titre explicite de Petite mort. Soit qu’ensuite, et plus longuement cette fois, avec des mots infinis de douleur et de beauté, elle entre en déploration, pour regretter dans Le sel de la perte l’absence de celui-là peut-être dont elle avait célébré l’enivrante présence dans la première partie du diptyque. Un petit livre précieux qui correspond à des humeurs bien différentes, mais que réunit une même ferveur.
Béatrice Libert a enseigné et elle en a gardé le goût de transmettre des expériences, le souci de partager ses découvertes, d’initier au plaisir. Comme elle a publié en 2009 Au pays de Magritte, voici qu’elle renouvelle l’exercice en nous emmenant cette fois Au pays de Maurice Carême, pour revivifier la lecture de ce poète majeur de l’enfance et du bonheur. Comme le précédent, ce petit livre s’adresse aux parents, aux enseignants, aux animateurs ou éducateurs, à tous ceux qui aiment la poésie et par-dessus tout aux enfants, curieux ou soucieux de le devenir.