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Critiques de livres

Colette NYS-MAZURE
Contes d’espérance
Paris
Lethielleux-Desclée de Brouwer
2010
198 p.
17 €
(avec un CD comportant la lecture de deux contes)

Une porte se ferme, une autre s’ouvre 
par René Begon
Le Carnet et les Instants N°166

Colette Nys-Masure a rassemblé quelques histoires brèves qui se déroulent toutes au moment de la Noël. Une petite vingtaine de nouvelles composent le recueil qui s’intitule Contes d’espérance. Textes très brefs le plus souvent, de quatre à huit pages. Seuls quelques-uns sont un peu plus longs. Peut-on parler de contes de Noël à leur sujet ? Pas au sens traditionnel, en tout cas. En effet, plutôt que d’histoires merveilleuses ou optimistes, il s’agit d’infimes bribes de destins, pas toujours drôles, parfois à la limite du tragique, des histoires comme on peut en croiser tous les jours dans la rue, sans toujours les remarquer, destins de solitaires, célibataires ou retraités, qui reprennent goût à la vie à la faveur d’une rencontre ou parce qu’ils constatent qu’ils peuvent encore aider les autres…
Atteinte d’un cancer, Antoinette dissimule sa maladie à sa fille adoptive pour ne pas ternir son bonheur tout frais et s’éteint doucement un peu avant la naissance de son petit-fils. M. Brice, instituteur à la retraite, se met à aider deux gosses des rues à faire leurs devoirs avec l’espoir de leur éviter de sombrer dans la misère. Véronique, enceinte elle-même, porte secours à une femme voilée croisée dans une échoppe de deuxième main et l’accompagne à l’hôpital, avant de finir par accoucher le même jour qu’elle dans la chambre où elle lui rendait visite. Plus loin, c’est une sexagénaire dont le fils vit aux Etats-Unis et qui, plutôt que de vendre sa maison et d’aller en maison de retraite, suit le conseil avisé d’un voisin et accueille chez elle une demandeuse d’asile et sa fille blessée.
Parfois, un rien de fantastique, comme dans l’histoire d’André, chirurgien déchu, qui reprend contact avec l’Afrique un soir de Noël et qui cherchera en vain le lendemain l’impasse où une famille d’immigrés du Niger l’a accueilli à bras ouverts. Quelques destins de femmes aussi, qu’un homme a quittées et qui, en se replongeant dans des relations antérieures, avec un père éloigné, avec des amies, retrouvent le courage de vivre. Laissons la conclusion au préfacier du recueil, Claude Goure : « Ces histoires de vie au creux du quotidien le plus quotidien, ces contes de la vie ordinaire que Colette Nys-Masure transcende par la grâce de son regard et de son écriture, je les lis comme de modernes paraboles, où, à un moment précis, mystérieusement, il suffit d’un regard, d’un peu de tendresse, d’un peu de confiance et d’un peu d’amour pour se sentir guéri… ».