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Critiques de livres


Henri STORCK
Ça est trop fort !
llustrations de Marco Paulo
Seuil/Nemo
1996
64 p.

« Et re-fi-re-donc, toc-toc et zazou ! »

Sorties d'un tiroir ancien pour inaugurer une nouvelle (et originale) collection de livres pour enfants, les saynettes de Ça est trop fort ! mettront en joie ceux qui ne se lassent pas de voir Guignol rosser gendarme et que réjouit la verve de Mlle Beulemans. Ces quatre sketches de théâtre de marion­nettes, Henri Storck les écrivit sous l'occupa­tion allemande pour divertir ses enfants, leurs cousins et leurs amis au cours de représenta­tions dominicales. Inspirés quelquefois d'un décor (épisode dans le désert), ils portent le plus souvent l'empreinte des préoccupations du moment (la faim, le ravitaillement, la jus­tice, le confinement dans les frontières), trai­tées sur le mode de la dérision, en une re­vanche éclatante de l'humour sur les misères de l'existence.

Les avanies de l'ineffable Madame Potje et de son Louitje de mari reposent sur une vis comica aussi éprouvée qu'efficace. Les chamaille­ries conjugales de ce peu triste ménage, im­muablement réconcilié par une chaste baise, en fournissent le canevas presque invariable, renouvelé par l'intervention de palotins divers, coiffeurs, juges, médecins et bandits au grand cœur. Les jeux de langage et la faconde bruxel­loise mâtinée de nonsense parent ces aventures de fantaisie bouffonne et d'un absurde bon en­fant. Comment, si l'on goûte l'invention ver­bale et l'esprit saugrenu des opérettes de Meilhac et Halévy (par exemple), ne pas priser le sel de répliques comme : « Allah ! Allah ! Quel chameau cette femme, sans timbre, moi qui suis abonné au gaz !» ? Bref, on s'amuse.

Thierry Horguelin