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Critiques de livres

Dominique Costermans
Nous dormirons ensemble
Avin
Éditions Luce Wilquin
coll. Euphémie
2008
121 p.

Amoureuses
par Michel Torrekens
Le Carnet et les Instants n° 151

Est-ce que les histoires d'amour — ou de non-amour — méritent que l'on en fasse toute une histoire? Assurément oui pour Dominique Costermans, dont la passion amoureuse semble être la grande affaire dans les dix-huit nouvelles de Nous dormirons ensemble. Elle s'amuse, s'attendrit, s'interroge avec ces amoureuses transformées par les chamboulements du coeur. Lequel écoute rarement les voix de la raison comme le montre à la manière d'une fable le premier texte. Beaucoup de ces nouvelles saisissent des instants de vie, durant lesquels se cristallise une rencontre, «avec des corps, de la lumière, un décor». Dominique Costermans traduit souvent les égarements liés à l'amour par des trouvailles stylistiques, certaines très originales, d'autres plus difficiles à partager car très allusives. Elle peut aussi user d'un humour distillé en petites touches plaisantes, notamment lorsqu'elle évoque la «conversation auto-complaisante, narcissique, descriptive, redondante et tautologique» dans laquelle se complaisent certains mâles en pleine parade. Et dans bien des cas, le tout dans des ambiances romaines, tant la Ville éternelle semble marquer son imaginaire, notamment lorsqu'elle se lance sur les traces de Jimmy et Sir Craven, les personnages de Tempo di Roma d'Alexis Curvers (auquel elle a déjà rendu hommage dans une exposition avec Christian Libens). La photographie tient également une place importante dans ces récits, ce qui se comprend d'autant plus que ceux-ci sont, comme celle-là, semblables à des fragments volés au temps, à une tentative souvent désespérée de fixer dans son intensité la magie d'une rencontre passionnelle. Peut-être aussi que Dominique

Costermans se confie le plus lorsqu'elle fait dire à sa narratrice : «Je pense à ces femmes qui furent et sont filles, femmes, amantes, mères, et qui savent tout de l'homme. Je pense à toi qui m'es si opaque. Je pense à la fièvre qui me lamine un peu plus chaque jour. À la maladie qui me grignote, sans désemparer. Peut-être dois-je faire, comme Piera, semblant de rien. Fermer les yeux. Peut-être que j'étais allée à Santa Fosca pour oublier la trahison d'un homme, déjà. Peut-être qu'il faut souffrir beaucoup pour que la faiblesse des hommes cesse de nourrir la fragilité des femmes. Peut-être faut-il vieillir. Peut-être commence-t-on à vieillir au premier chagrin d'amour. Peut-être dois-je faire comme les vieilles, venir au café, fumer, non preoccuparmi