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Critiques de livres

Éros errant
par Joseph Duhamel
Le Carnet et les Instants n° 149

Un solo érotico-méditatif «illustré décalé», c'est ainsi qu'Étienne qualifie son texte. Le livre tient du journal, en ce qu'il reprend des expériences vécues au quotidien; de l'essai également par la volonté de démonstration, même si celle-ci procède de façon éclatée, fragmentaire, dégageant néanmoins une trame débouchant sur une postface, expérience «finale». Étienne explore l'intime, la solitude du Je, ses expériences érotiques. Il s'est «mis au diapason de ses fantasmes, et en ayant fait le tour, par ce biais, il a éteint le feu de son addiction».

Ce n'est pas qu'une expérience individuelle; celle-ci s'inscrit dans une réflexion plus générale sur la globalisation et ses effets dans le domaine de la culture; sur l'être-belge aussi. S'exprime encore un attachement-haine à l'égard de Bruxelles. Et les expériences érotiques ont leur résonance culturelle; le livre fourmille de références artistiques et surtout littéraires.

Placé sous le signe de l'urgence du vécu, le livre frappe par son style, qu'accentuent les dessins d'Étienne : une phraséologie exubérante, un rythme devenant parfois incantation, des formules – souvent réussies –, des images fortes, un vocabulaire où abondent les néologismes, des jeux sur les mots comme raccourcis de la pensée, à l'instar du titre qui condense Éros, osé, et ô – d'Histoire d'O –, archétype d'une certaine pornographie.

 

Étienne, L'érôsé, Bruxelles, Kisters, 376 p.