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Critiques de livres

Nathalie Aubert, Pierre-Philippe Fraiture et Patrick McGuinness (éd.)
La Belgique entre deux siècles : laboratoire de la modernité, 1880-1914
Oxford, Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt-am-Main, New York, Wien
Peter Lang
2007
272 p.

Une modernité revisitée
par Jeannine Paque
Le Carnet et les Instants N°151


Dévolu à la publication des actes du colloque intitulé La Belgique entre deux siècles : laboratoire de la modernité, qui s'est tenu à Oxford en janvier 2004, voici un ouvrage en français et en anglais qui apporte maintes informations sur une période particulièrement profuse de notre passé. Il comprend 13 contributions originales et interdisciplinaires touchant divers sujets de littérature, d'art et de culture qui témoignent d'une véritable révolution esthétique en Belgique, au tournant des XIX et XXe siècles. Les études portent notamment sur la peinture, pointant un représentant majeur, James Ensor, et sur d'autres manifestations artistiques capitales comme l'Art nouveau, tandis qu'est précisément évoquée la situation politique du royaume, engagé alors dans un processus d'expansion coloniale, à travers l'évocation du voyage au Congo d'Edmond Picard et des écrits qu'il en a rapportés. Mais le volume fait évidemment la part belle aux écrivains d'une période particulièrement riche. Sont largement évoqués et sous un angle nouveau les rôles de Camille Lemonnier, l'écrivain d'art entre autres, et des représentants de ce mouvement symboliste spécifique à la Belgique et largement diffusé comme tel : Émile Verhaeren, Georges Rodenbach, Maurice Maeterlinck, Max Elskamp et Charles Van Lerberghe.

Nathalie Aubert, Pierre-Philippe Fraiture, Patrick McGuinness, directeurs de la présente publication, mais d'autres spécialistes en la matière — Paul Aron, Richard Bales, Jean-Pierre Bertrand, Laurence Brogniez, Jill Fell, Denis Laoureux, Claire Moran, Lieve Spaas et Barbara Wright — contribuent à une connaissance plus intime de certains aspects de ces mouvements ou des oeuvres qui les ont déterminés ou qui y trouvent leur origine. Ces interventions permettent de reprendre conscience d'une action immédiate ou ultérieure, parfois méconnue.

Consacré à Jean de Boschère, qui alors «fascine, intrigue, irrite» les Anglais, mais, en même temps, leur paraît aussi inclassable, unique», un chapitre rédigé par Christian Berg met en évidence la qualité singulière des échanges entre cet écrivain moderniste et l'avant-garde londonienne au début du siècle dernier. Phénomène plus exceptionnel qu'il n'y paraît à cette époque où les liens de la Belgique avec la France primaient dans la diffusion européenne.