pdl

Critiques de livres


Evelyne WILWERTH
La veste noire
éditions Hurtubises HMH Itée1
coll. Plus.
2001
48 p.

Quand ça bascule...

On ne peut pas dire qu'Evelyne Wilwerth soit une star de la littérature, et pourtant, elle ne vit que de l'écriture. En 1980, elle a décidé d'aban­donner son métier d'enseignante, sa vie bourgeoise qui s'installait, et depuis, elle réussit — parfois tant bien que mal — à joindre les deux bouts. Faute de vendre ses livres par dizaines de milliers, comme notre Amélie, elle multiplie les activités littéraires. Elle dirige des ateliers d'écriture, écrit des poèmes, des romans pour adultes (Canal Océan, La vie cappuccino chez Luce Wilquin), des pièces de théâtre dont Hortense, ta pétillance qui a tourné pendant plus de douze ans, des essais, des biographies. De la littérature pour la jeunesse, ce qui se révèle une de ses activités les plus lucratives, nous confiait-elle lors d'une enquête pour Alter­natives théâtrales (n° 55). Elle précisait qu'il ne s'agissait pas uniquement de gains finan­ciers mais que cela lui apportait de la toni­cité, de la concision et de l'efficacité. La plupart de ses livres pour enfants parais­sent au Québec, comme La veste noire. Ce qui n'empêche pas Evelyne Wilwerth d'an­crer l'action de ce roman (pour les jeunes de 9 ans et plus) en plein cœur de Liège. Ce n'est ni le Club des cinq ni les Six compa­gnons, c'est un peu moins haletant (l'enquête trop vite résolue) mais davantage inscrit dans le monde social d'aujourd'hui. Dans la pre­mière veste qu'acheté Roxane toute seule comme une grande, chez un fripier de la rue Saint-Gilles, elle trouve un mot, un appel à l'aide, qui signale l'existence d'un atelier de travailleurs clandestins. Il faut tenter quelque chose... Elle fait appel à l'équipe, et à trois ils vont mener l'enquête avant de passer le relais à ceux dont c'est le métier...


Evelyne WILWERTH
Embrasser la vie sur la bouche
Luce Wilquin
2001
110 p.

Son efficacité à raconter des histoires, Eve­lyne Wilwerth la prouve également par son recueil de nouvelles, Embrasser la vie sur la bouche, où vingt fois — sans se répéter — elle varie le même thème. Des hommes et des femmes vivent une vie dont le destin semble tracé, inéluctable. A un moment par­fois bref comme un instant, un moment qui s'avère une possible traversée du miroir, quelque chose, un presque rien, un lieu avec une pièce secrète, ou quelqu'un d'inattendu (que l'on accepte de suivre) bouleverse le cours des jours ordinaires, conduit à trouver l'essentiel et : rien ne sera plus comme avant : un livre s'écrira ou sera abandonné ; la vie vaudra enfin la peine d'être vécue et il n'y aura plus qu'à mourir léger ; l'amour sera trouvé, ce qui n'est pas toujours facile quand on vend des parapluies (souvenez-vous du film)... De ces vingt destins, on retiendra surtout que derrière une écriture sobre peut se cacher un monde étrange, et que pour vivre vraiment, il ne faut pas avoir peur d'y aller. Où ça ? A chacun de trouver, pour lui.

 Michel Zumkir