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Critiques de livres

Panorama Danse Wallonie-Bruxelles 2007-2008
Bruxelles
La Maison d'à côté
191 p. + un DVD.

Eh bien, dansez maintenant!
par Ninon Darcole
Le Carnet et les Instants n° 149

Pas moins de 37 chorégraphes présentent leur travail, leur univers, leurs projets dans ce Panorama de la danse Walionie-Bruxelles 2007-2008 publié par La Maison d'à côté.

Un livre pour brosser, après un bref historique, la toile de fond, le paysage chorégraphique de la Communauté française, situer les différents protagonistes, esquisser les divers projets. Un DVD pour visualiser ce que les mots traduisent mal, le mouvement, la lumière, la fragile poésie de corps qui se jouent du verbe et de la musique.

Au commencement, il y eut Béjart qui fit de Bruxelles une capitale de la danse et de Mudra, son école, un vivier de danseurs et de chorégraphes. Côté flamand, Rosas, Jan Fabre, Wim Vandekeybus font parler d'eux internationalement. Côté francophone, le Ballet royal de Wallonie mené par Jorge Lefebre jusqu'à son décès en 1990, impose un style néoclassique (avec une touche un peu plus rock que l'illustre aîné, Béjart) et monopolise les subsides. Lorsque Lefebre disparaît, la Communauté française opte résolument pour la danse contemporaine et offre une ouverture de choix aux jeunes compagnies qui piaffent d'impatience. Avec la création de Charleroi/ Danse mené par Frédéric Flamand, le bouillonnement chorégraphique s'intensifie. Dès 1994, la Communauté française institue une politique de contrats programmes et d'aides ponctuelles aux créations. Frédéric Flamand parti à Marseille en décembre 2004, Thierry de Mey, Pierre Droulers, Michèle-Anne de Mey et Vincent Thirion reprennent le flambeau de Charleroi/Danses et devraient assurer dans leurs divers projets le développement pluriel de la chorégraphie en Communauté française.

Ce sont les résultats de cette nouvelle politique qui se déploient dans le livre publié cette année sous l'égide du CGRI, de la Communauté française et de Wallonie-Bruxelles/Danse-Théâtre. On y trouve évidemment un chapitre sur le centre chorégraphique de la Communauté française, avec les travaux de Pierre Droulers, de Michèle-Anne et Thierry de Mey ainsi que de leurs artistes en résidence, Johanne Saunier et Olga de Soto. Viennent ensuite les compagnies permanentes : As Palavras, Idéa, la Compagnie Bud Blumenthal, Parcours asbl, la Compagnie Velvet, CMM, la Compagnie Mossoux-Bonté, la Compagnie Michèle Noiret, la Compagnie Thor, la Compagnie de Fatou Traoré et la Dame de Pic. Carte d'identité, biographie, descriptif des œuvres : autant d'indications sur le travail des compagnies qui permettent à un producteur ou un amateur de danse de se faire une idée réaliste de chacune d'entre elles.

Le quatrième chapitre du livre nous intéresse à seize projets différents : depuis le solo La petite dame de Nyash jusqu'à Super!, une comédie musicale décalée qui exploite le mythe du super-héros, en passant par Ladycrackers de Julie Bougard ou Slipping de Furiosas.

La bulle «hip-hop» qui compte cinq compagnies fait l'objet d'une cinquième tranche panoramique, tandis que festivals et carnet de contacts clôturent le document.

À noter que tous ces textes sont bilingues… français-anglais, de quoi donner accès à la scène internationale.

Un DVD montre en écho les images du travail de chaque chorégraphe. C'est ici que le document devient inégal. Entre la magie évidente des images de Thierry de Mey, le professionnalisme d'Éroïca ou d'As Palavras et certains extraits qui se résument à de courts plans fixes filmés avec une caméra d'amateur, le fossé est manifeste. Peut-être faudrait-il dans un projet ultérieur accorder autant d'importance aux films qu'aux textes pour être parfaitement convaincant sous tous les angles…