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Critiques de livres

Les fantômes de l'Oncle Sam

Dans son Panorama de la littérature fantastique américaine (premier du genre en français, nous dit-on) l'auteur, Jacques Finné, a su éviter les écueils liés à ce type d'entreprise : sans sa­crifier la rigueur de la structure, la précision des données, l'abondance des renseigne­ments, son ouvrage se lit comme un roman grâce à une juste dose d'humeur et d'hu­mour. Et sans doute en faut-il pour faire le tri dans cette masse de récits fantastiques dont certains semblent carrément grand-guignolesques une fois résumés en quelques lignes. Pourtant l'histoire du fantastique américain, pour être courte (elle débute au XIX1 siècle dans la foulée du roman go­thique européen) n'en est pas moins dotée de noms prestigieux, les aristocrates du genre : Irving, Hawthorne, Poe, Bierce, James, mais aussi, quoique plus discrète­ment, Edith Wharton, Melville, Twain ou London. C'est Lovecraft cependant qui sera la « pierre de touche » de la littérature fan­tastique américaine, à la fois « point de dé­part obligé » de tout un courant thématique et tremplin pour la popularisation du genre. Avec l'apparition, dans les années 20, des « pulps » (magazines bon marché spécia­lisés), la nouvelle fantastique se développe, au détriment parfois de la qualité. Désor­mais, les « fantastiqueurs » s'adressent de plus en plus à un lectorat d'aficionados. Vers 1950, le roman reprendra le dessus, mais ceci est une autre histoire qui fera l'objet d' un second tome à paraître. Un seul regret pour le lecteur ainsi mis en ap­pétit : beaucoup de textes ne sont pas en­core traduits en français, même s'il existe de bonnes anthologies.

Dominique CRAHAY

Jacques FINNÉ, Panorama de la littérature fantastique américaine. Des origines aux pulps. Ed. du C.L.P.C.F. (Bibliothèque des paralittératures de Chaudfontaine), 1993, 254 p.