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Critiques de livres

Marc Uyttendaele
Dix jours en février
Avin
Éd. Luce Wilquin
2007
152 p.

Une romance d'aujourd'hui
par Ninon Darcole
Le Carnet et les Instants n° 149

C'est un beau roman, c'est une belle histoire, c'est une romance d'aujourd'hui… Marc Uyttendaele nous offre Dix jours en février aux éditions Luce Wiquin. Dix jours d'attente, d'espoir pour Nathalie qui profite de l'éloignement de Simon, de son voyage pour faire le point sur leur histoire, l'incandescence de leur liaison. Dix journées de 1997 pour raconter la passion qui associe deux êtres, l'absence de l'un est-elle synonyme de rupture ou bien préfigure-t-elle un attachement plus solide, exprimé publiquement? Les textes de chansons françaises classiques qui parlent d'amour ouvrent chacune des journées. Brel, Reggiani, Croisille, Reno, Laforêt, Catherine Leforestier, Diane Tell, Isabelle Boulay, Fabienne Thibeault, Charles Dumont ou Moustaki donnent leurs couleurs aux jours qui passent… Un peu comme certains des épisodes de la série Cold Case qui a tant de succès à la télé aujourd'hui. Un bon filon pour une future version télévisée? Le premier roman de Marc Uyttendaele, publié en 1998, Un lendemain matin, a déjà été transformé en œuvre télévisuelle sous le titre Avec le temps, et avec le comédien Vincent Perez…

Marc Uyttendaele est professeur à l'Université libre de Bruxelles, écrivain, mais c'est aussi un avocat de renom. Nathalie Levy, son héroïne, est avocate, elle fait partie d'un cabinet réputé. Simon est haut fonctionnaire, intègre, un peu Don Quichotte, n'hésitant pas à combattre le mal là où il se trouve, fut-ce au sommet de la finance ou de la politique. Ils ont tous deux une vie déjà construite, une profession dévoreuse de temps. Est-il possible que leur rencontre fasse basculer leur existence? Simon a un secret : Judith et ses deux filles. Nathalie a un fils, Max, qu'elle protège contre trop de bouleversements affectifs.

On est en février 1997, en Belgique, c'est la tourmente. Les médias se déchaînent, les affaires éclatent, la classe politique est éclaboussée par les histoires de pot-de-vin, de magouilles, de dérives sexuelles. Bruxelles «ma belle» n'est qu'une toile de fond. Un peu de couleurs, quelques rues, un restaurant que l'on reconnaît. La vie de Nathalie prend sens le soir devant son ordinateur lorsqu'elle écrit ses lettres à l'absent. Rituel magique, ce moment d'écriture arraché au quotidien se nourrit d'un concerto de Mozart, de Bach, des Nocturnes de Chopin, Liszt, Schumann, l'univers classique apporté par Simon. C'est enlevé, bien écrit, joliment construit.

Bruxelles, la Belgique, les affaires sont esquissées, juste pour donner quelques avis sur le cirque médiatique. Ce qui compte, c'est la rencontre de deux êtres, leur improbable amour qui se met à exister. Improbable comme la rencontre d'un avocat et d'une ministre à un vernissage ou un souper protocolaire? On sait que Julien, le fils de Marc Uyttendaele retrouvera des moments de son enfance… Une certaine part d'autobiographie a dû inspirer l'écrivain… Midinettes et «potinophiles», ne rêvez pas trop : la matière biographique est savamment maquillée, les pistes sont bel et bien brouillées.