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Critiques de livres

Didier de LANNOY
Jodi, toute la nuit
Charleroi
Couleur livres
coll. Je
2009
127 p.
13 €

Une mise en pièces
par Jeannine Paque
Le Carnet et les Instants N°161

Selon Didier de Lannoy, en postface, Jodi, toute la nuit pourrait avoir été écrit à New York City, USA, et même s’y passer. Mais ce n’est qu’une éventualité parmi d’autres. Autrefois, un certain Nouveau roman proposait aussi au lecteur un choix de possibles : lieux, temporalités, action, entre autres. Le texte qu’on avait alors sous les yeux présentait une image accidentelle, reflet contingent, virtuel ou réel de toutes les autres. L’histoire fragmentée, que nous propose de Lannoy, pourrait se passer tout autant à Ixelles qu’à Pointe-à-Pitre, à Vladivostok qu’à Belém ou encore dans le Bronx ; hier, aujourd’hui ou demain. Là s’arrête la comparaison à peine esquissée qu’autorise seulement l’évidence du travail de déconstruction formelle, des deux côtés. Autrement violent est le propos, dans Jodi, toute la nuit qui met en échec la linéarité narrative. Le ton est donné dès le titre elliptique : un procédé qui sera souvent utilisé par la suite et jamais de façon arbitraire, car ce langage à trous trahit une difficulté fondamentale de communiquer, entre les pôles, les sociétés, les hommes. Autres moyens de formuler au plus près cette incommunicabilité : la confusion des discours, la notation phonétique, l’emprunt à d’autres parlers… On aura compris que cette langue martyrisée veut représenter l’horreur de certaines vies, mais aussi l’absurdité du monde en général.