pdl

Critiques de livres

François EMMANUEL
Sept chants d’Avenisao
Dessins d’Anne Leloup
Noville
Esperluète
2010
56 p.
16,50 €

Quête d’aède 
par Christian Libens
Le Carnet et les Instants N°166

Comme très souvent chez les écrivains qui pratiquent tant la prose que le vers, la production romanesque de François Emmanuel est mieux connue que son œuvre poétique (exceptons toutefois son bouleversant recueil Portement de ma mère qui a connu d’emblée une belle notoriété, encore favorisée par sa réédition dans la collection de poche Espace Nord).
Ces Sept chants d’Avenisao sont inspirés par le mythe grec d’Orphée. Cette légende antique, l’une des plus inspiratrices d’œuvres musicales, picturales et littéraires, a connu plusieurs versions et développements, mais celle dont s’inspire François Emmanuel est sans doute la plus féconde et la plus répandue. Ainsi, pour retrouver son Eurydice, Orphée n’hésite pas à descendre aux Enfers où son aimée avait été précipitée par la morsure mortelle d’un serpent. Hélas, alors que l’aède avait réussi à charmer les gardiens du séjour des morts et obtenu le retour à la vie d’Eurydice, il néglige le fatal interdit (de ne pas la regarder avant leur sortie des Enfers) et la perd pour toujours…
Tantôt en de longues phrases incantatoires, tantôt en vers irréguliers, la mélopée de notre moderne aède s’élève en sept chants qui « marquent le dépouillement progressif du narrateur, sa mort peu à peu consentie, sa traversée de pays indéfinis, son errance au gré des voix et des présences, jusqu’à cette lumière tant espérée qui scella jadis la rencontre », ainsi que le résume fidèlement l’éditrice qui, par ailleurs, a enrichi l’ouvrage de dessins sur papier calque, offrant ainsi au lecteur par superpositions successives des jeux de lignes et de couleurs aussi troublants qu’enchanteurs.