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Critiques de livres


Francis DANNEMARK
Bel amour, chambre 204
Le Castor Astral
2001
64 p.

Confidence pour confidence

Voici un délicieux petit livre pour une tendre sieste d'été, pleine de romantisme et de mots ciselés. Après un recueil qui parcourt un quart de siècle de poèmes de Francis Dannemark, le Castor Astral publie aujourd'hui un joli petit roman qu'on pourrait aussi définir comme une longue nouvelle. Bel amour, chambre 204 flirte avec les poncifs amou­reux, joue la carte du tendre qui émeut Margot.

Mais l'infinie délicatesse du metteur en scène, la palette des couleurs qu'il évoque, le travail subtil de la langue nous emportent dans un univers qui nous touche. Simple et ravissant : une saga en quelques pages. Dannemark nous conte l'histoire de David Harris et de l'incomparable Esther Briggs, sa grand-mère. Esther a quatre-vingt cinq ans, une malice de jouvencelle, une passion folle et dévorante pour les livres et la lecture. Sa maison rassemble toute la fa­mille pour son anniversaire, l'occasion de tenter un bilan. Réunir cette famille de co­médiens, « de professionnels patentés de la dispute, de l'engueulade glacée, de la jalou­sie jumelée à la vacherie » tient plutôt de la gageure.

Petite chronique de ces retrouvailles pimen­tées : la photo de famille, les confidences, les étoiles filantes, l'orchestre de jazz et l'orage de fin d'été. Entre deux réunions fa­miliales, cinq années ont passé : de quoi fournir la matière d'une douzaine de ro­mans, dit Francis Dannemark. Mais ce roman-ci se tourne vers le mystère de la lec­ture, vers les douceurs chamelles de l'amour littéraire plus que vers les méandres brutaux de la réalité. Ce ne sont ni les disparitions, ni les séparations qui alimentent la plume de Dannemark. C'est juste la recherche d'un livre déchiré, d'une moitié d'histoire perdue. C'est un beau (petit) roman, c'est une belle histoire. Une romance, dit l'écri­vain. Une romance d'aujourd'hui ?

Nicole Widart