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Critiques de livres


Nicolas ANCION
Le garçon qui avait mangé un bus
Averbode
coll. 7 en poche
2004

Sept en poche

Ah, la belle idée que voilà : les éditions Averbode publient sept livres  de  poche  destinés  aux adolescents, six créations et la réédition d'un classique.
Le concept est séduisant : pour 25 euros, les ados peuvent obtenir, via leur école, sept récits dans un format à glis­ser en (grande) poche. A lire en atten­dant le bus, dans la cour de récré, aussi bien que chez soi. Environ quatre-vingts pages, pour ne pas décourager les « petits » lecteurs. Dans la série d'au­jourd'hui, le classique, c'est Mérimée. Les nouveautés sont signées Bruno Coppens, Jean Van Hamme, Xavier Deutsch, Moka, Claude Raucy et Nicolas Ancion.

En quatre-vingts pages, on a le temps de découvrir la patte d'un auteur. Comme dans six cas sur sept, c'est un auteur vivant, on peut même, si on veut, le contac­ter, lui poser des questions, par mail. La lecture devient source d'interaction, merci internet. Voilà qui rafraîchit notablement l'idée que beaucoup d'ados se font des écrivains et de la lecture. Avec Le garçon qui avait mangé un bus, le numéro trois de la série, Nicolas Ancion ne renie pas ses autres écrits. L'histoire étrange de Joseph, un adolescent mal dans sa peau, victime d'un accident, nous mène dans l'uni­vers insipide de nombre d'enfants aujourd'hui.


Claude RAUCY
Les renards de Perros-Guirec
Averbode
coll. 7 en poche
2004

Le divan de skaï creusé par les corps qui jouent à la Playstation ou à la Gamecube en se bourrant de chips et de cola fait partie de nombreux décors enfantins. Dans cette histoire, il y a des GSM, des micro-ondes, des PC et des jeux vidéos. Les adultes font des caram­bolages sur l'autoroute et ne réussissent pas les spaghetti al dente. Il leur faut du temps pour s'apercevoir que leur enfant a changé, qu'il va mal, peut-être. Le fantastique s'en mêle, l'écrivain tricote les bribes du réel pour nous lancer dans un univers étrange. Pari réussi pour Ni­colas Ancion : il garde son style, tout en abordant un sujet qui touche les jeunes et en se conformant aux règles de la série.

Claude Raucy nous propose une his­toire bien plus classique. Les renards de Perros-Guirec évoque la crise que traverse un adolescent des années septante qui apprend par hasard son adoption. Gwillou habite à Bruges, il a quinze ans, ses cheveux sont blonds roux comme des épis mûrs. Il est amoureux de Laura, une fille de sa classe et quand il frôle son genou, il réinvente le monde. Pas encore de place pour les GSM ou internet : c'est un autre mon­de. Savoir que ses parents lui ont menti bouleverse totalement l'adolescent. Il organise un voyage sur le lieu de sa nais­sance à la recherche de ses parents bio­logiques et ce qu'il découvre en pertur­berait plus d'un. On le voit, c'est l'amour, la quête d'identité, des thèmes chers à l'adolescence qui sont privilé­giés. Ici, l'écriture se fait complice d'un roman traditionnel qui retiendra sur­tout les jeunes habitués à de sages récits.

C'est intéressant qu'une collec­tion offre ce genre de livres : des textes courts écrits par des au­teurs avec qui le dialogue est pos­sible, c'est une entrée en matière utile pour nombre de jeunes qui ne feraient pas le premier pas de la lecture. Le fait de proposer sept écrivains différents avec leurs capacités créatrices propres est également très judicieux. Les (rares) acharnés de la lecture, eux, n'auront pas attendu cette nou­velle collection pour lire Le cahier gonflable, Le seigneur des anneaux ou L'écume des jours, histoire de varier les plaisirs...

Nicole Widart